Les autorités françaises saisissent quatorze tigres et lions dans un faux sanctuaire, près de Rouen, qui exploite les petits et permet aux visiteurs de les nourrir avec du camembert ou de la chantilly.
FOUR PAWS a proposé de prendre en charge les trois petits dans un de ses sanctuaires.
Paris/Vienne, 26 novembre 2020 – Le 24 novembre 2020, les autorités françaises ont saisi quatorze félins, dont deux lionceaux et un tigron, détenus à deux heures de Paris par l’association Caresse de tigre, qui se présentait comme un refuge pour animaux sauvages captifs. Cette action fait suite à une plainte déposée par l’organisation mondiale de protection animale FOUR PAWS et son partenaire local, l’association AVES France, en décembre 2019. FOUR PAWS et AVES France ont fourni aux autorités les preuves d’un réseau organisé d’éleveurs et d’établissements exploitant commercialement des animaux sauvages. Nos investigations ont révélé l’exploitation commerciale de jeunes tigres et lions lors d’interactions lucratives, comme des selfies, des caresses ou du nourrissage au biberon, activités effectuées en dehors de tout cadre légal. Nous avons également révélé un incident avec un jeune lion qui a mordu un visiteur en février 2019. FOUR PAWS a offert aux autorités d’accueillir les trois jeunes félins dans un environnement adapté à leurs espèces, dans son centre pour les grands félins FELIDA aux Pays-Bas. De plus, FOUR PAWS appelle la commission européenne à bannir le commerce des tigres à travers l’UE une fois pour toute, ce qui entraînerait la fermeture des établissements qui exploitent les grands félins.
Suite à son enquête sur les activités commerciales douteuses de ce sanctuaire autoproclamé qu’est Caresse de tigre, l’OFB (Office français de la Biodiversité) a procédé à la saisie judiciaire des quatorze félins détenus par l’association, sur un terrain en bord de Seine à la Mailleraye-sur-Seine, en Seine-Maritime. Alors que nous espérions un placement immédiat des plus jeunes, tous les animaux vont rester sur place sous le contrôle des autorités jusqu’à ce qu’une solution à long terme soit trouvée. Au cours de nos investigations, nous avons démontré que Caresse de tigre accueillait des visiteurs toute l’année sans autorisation. Pourtant, l’établissement est enregistré comme une association à but non lucratif pour la protection des animaux et n’est pas autorisée à recevoir des visites. En autorisant les visiteurs à toucher et nourrir les jeunes animaux directement dans les cages, lors d’interactions payantes, Caresse de tigre a violé la législation française, et notamment celle en rapport avec les distances de sécurité entre le public et les animaux sauvages captifs.
« Il est honteux que les autorités n’aient procédé au retrait d’aucun des animaux après les preuves de maltraitance que nous leur avons fournies. Caresse de tigre demande aux visiteurs de faire des dons de 50€ pour dix minutes d’interaction avec un lionceau. Plusieurs visiteurs peuvent entrer dans l’enclos en même temps et ils nourrissent les animaux avec du camembert ou de la crème chantilly. Les propriétaires affirment sauver des animaux provenant de cirques et de zoos peu scrupuleux, mais en réalité, Caresse de tigre élève des grands félins pour les exploiter commercialement. Quand ils grandissent et deviennent trop dangereux pour les interactions, ils sont envoyés dans des cirques pour participer aux spectacles. Nous exhortons les autorités à trouver une solution appropriée pour la prise en charge de ces quatorze félins. Malheureusement, nous ne pouvons pas offrir une nouvelle maison à chacun, mais nous avons proposé de prendre soin des trois plus jeunes » dit Kieran Harkin, Chef de la lutte contre le commerce des animaux sauvages chez FOUR PAWS.
Les grands félins n’ont pas leur place dans le divertissement.
A cause de la pandémie de COVID-19, de nombreux cirques ont du fermer les portes des chapiteaux au public et les propriétaires des animaux se tournent vers des sources de revenus alternatives, notamment des interactions payantes ou la location des animaux pour la télévision, la publicité, les shootings photo etc. La France a récemment annoncé que les spectacles itinérants avec des animaux sauvages allaient être interdits, ce qui est une étape importante en faveur du bien-être animal, mais seulement si les business parallèles sont également stoppés.
« Nous craignons qu’avec l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques, les établissements comme Caresse de tigre multiplient les interactions payantes pour continuer à exploiter les animaux, qui habituellement participaient aux spectacles. Ces établissements n’offrent aucun programme éducatif ou de conservation,. Ils sont seulement focalisés sur l’occasion de faire de l’argent avec l’élevage, la commercialisation et l’exposition de grands félins pour le divertissement et ne devraient pas être considérés comme des sanctuaires ou des zoos. Les autorités devraient fermer ces entreprises commerciales qui font des profits sur la souffrance et l’exploitation des animaux », dit Christophe Coret, fondateur d’AVES France.
Des tigres traités comme des marchandises à travers l’Europe et même au-delà.
La situation générale des grands félins en France est plutôt inquiétante. La détention par des particuliers et l’exploitation commerciale des grands félins, et particulièrement des tigres, reste hors de contrôle à travers l’union européenne. La plupart des états membres n’ont pas de fichier centralisé (I-Fap en France n’est toujours pas correctement renseigné par de nombreux établissements), les papiers officiels sont facilement falsifiables et les naissances ne sont parfois pas du tout déclarées.
« Les tigres finissent par être traités comme de la marchandise, passant entre les mains d’individus sans scrupules qui prennent plaisir à les élever, les exploiter et les commercialiser. Les tigres européens se retrouvent même sur le marché de la contrebande et sont tués pour des parties de leur corps. Des tigres européens sont exportés en Asie, parce que là-bas des acheteurs pensent que les tigres européens sont plus grands et plus forts, ce qui les rend particulièrement précieux pour la reproduction. Nous ne pouvons jouer un rôle dans le combat contre le trafic illégal de tigres que si des pays comme la France prennent leur part de responsabilité pour incarner une partie de la solution, et non le problème. En outre, nous devons voir la fin de l’exploitation commerciale des tigres et nous appelons la France à prendre des mesures pour s’assurer qu’elle joue son rôle et soutient notre appel pour une interdiction à l’échelle européenne » dit Harkin.